La Critique : Splasher
Découvrez notre avis sur le jeu indépendant Splasher dans sa version Nintendo Switch
PC / PS4 / Xbox One / Switch (Testé sur une version Switch) – Éditeur: Playdius / Plug In Digital – Développeur: Splash Team – Genre: Plateforme/Collect-a-Thon/Speedrun – Sortie : 26/10/17 – 1 joueur – Prix : 14,99€ – PEGI 7
Si Nintendo avait décidé de contacter un studio pour une collaboration ou un spin-off sur Splatoon, c’est très clairement à nos frenchies de la Splash Team qu’ils auraient dû s’adresser ! Le Titre édité par Playdius et Plug In Digital est tout simplement le penchant « nettoyage » de nos poulpes peintres en bâtiment punks ! Eux ruinent des lieux avec leurs canons à peinture, et nos Splashers passent derrière avec leurs canons à eau pour tout nettoyer ! Vendu comme un plateformer indépendant fun arcade et exigeant, on va voir ce que le titre propose pour un tarif affiché de 14,99€.
Splasher c’est le premier jeu indépendant de Romain Claude, ancien Game Designer et Level Designer chez Ubisoft. Il a travaillé sur des jeux comme Rayman Legends, Rayman Origins ou encore Les Lapins Crétins : La Grosse Aventure (on comprend mieux maintenant certaines mécaniques de jeu, voir plus bas). Il a réuni autour de lui une équipe de talent avec notamment l’artiste Richard Vatinel aka Gromy à la direction artistique et Aymeric Schwartz, compositeur et sound designer sur des projets tels que Absolver, Rayman Origins et Soldats Inconnus. Splasher a également été développé en collaboration avec les experts du Speedrun du collectif NESblog, emmené par RealmyOp.
Le cadre est posé dés l’introduction : vous êtes un employé d’une grosse société sordide, technicien de surface de profession. Un soir, alors que vous faites des heures sup’ pour gagner votre croute à nettoyer les éclats de peinture au sol et au mur, vous tombez sur une expérience « à la Frankenstein » réalisée sur l’un de vos congénères par un savant-fou / docteur. S’en suis une course poursuite sans fin (enfin si, la fin du jeu) qui n’est qu’un prétexte à faire du plateforming de qualité tout du long ! Ne vous attendez pas à plus d’enrobage narratif, l’introduction est probablement la seule cinématique du jeu, hormis quelques combats de Boss, vous n’aurez pas spécialement à vous encombrer d’une histoire complexe. C’est amusant mais ce pitch de départ a immédiatement réveillé des souvenirs d’Oddworld : Abe’s Odyssey (ici la version New’ n’ Tasty remasterisée), sauf qu’en lieu et place de finir en sandwich pour extra-terrestres capitalistes on termine en monstre utilitaire pour la société de peinture. On pourra aussi y voir quelques parallèles avec Portal 2 et certains puzzles à base d’eau ou de gel répulsif.
Pour ce qui est de la direction artistique, la Splash Team a opté pour un look très moderne, type « jeu Flash cartoony » avec des aplats de couleurs et des courbes très arrondies. Cela rend le tout très fun, simple d’accès et très lisible ! C’est aussi un bon moyen technique pour faire tourner le titre sur toutes les plateformes, de nos consoles de salon en passant par les PC, la Switch et même qui sait sous peu sur smartphones ! (rien d’annoncé officiellement, mais le jeu pourrait s’y prêter pour peu que les commandes soient revues pour le tactile). Le jeu a beau être en 2D il propose un zoom automatique et dynamique en fonction des passages. Si vous avez besoin par exemple de voir au loin ce qui arrive, la caméra va d’elle même dézoomer. Dans le cas d’une zone très complexe et exiguë, la caméra zoom. Passons rapidement sur la bande son qui est de qualité avec de la musique électro-synth qui suit les actions du joueur et l’intensité du gameplay. D’ailleurs avec le concept de « Die & Retry » vous allez vite savoir si la musique vous convient ou vous enquiquine vu la répétition de certains thèmes sur des zones complexes à passer.
Au sujet du game-design, le jeu s’amuse donc avec la peinture, les couleurs, et des propriétés uniques pour chacune d’entre elles. Votre avatar se dirige au doigt et à l’œil, rappelant immédiatement les meilleurs plateformers du genre comme Super Meat boy pour ne citer que lui (surtout que ce n’est pas ce genre qui manque sur la Switch). Vous commencez très simplement avec aucun équipement de votre côté et une seule couleur de peinture à gérer : le rose. Cette couleur vous glu au sol, ralentissant votre course, mais permet aussi d’adhérer à toutes les surfaces verticales, voir même de pouvoir courir au plafond. Arrive ensuite le jaune, qui lui permet de rebondir dés qu’on touche la surface (sans avoir la capacité de modifier votre trajectoire, contrairement aux sauts standards, vous imposant de jouer au « flipper » avec votre personnage). Au Niveau suivant, on vous équipe de l’accessoire « signature » : un canon à eau portatif (Mario Sunshine ? C’est toi ?) qui vous permettra de nettoyer un certain type de peinture (la jaune pâle, qui se récolte sous forme de gouttes de peinture qui seront comptabilisées en fin de niveau). Le jeu continuera ainsi à progresser au fil des 20 tableaux (avec quelques niveaux cachés et un HUB central) en ajoutant des couleurs, des propriétés, et des accessoires pour vous mouvoir. La difficulté est bien dosée et la courbe de progression fait sens. Plus on avance dans les niveaux plus on nous demande d’être efficace et de maitriser tous les systèmes de jeu, avec un rythme de plus en plus effréné. Sur la fin cela devient hardcore, heureusement le jeu n’est pas avare en « checkpoints » (répartis à des endroits stratégiques). Vous pesterez très peu sur le fait de refaire une longue séquence en boucle.
Venons-en aux différents modes de jeu. Le titre propose 2 modes plus quelques challenges/défis pour tester votre « skill ». On regrettera l’absence de nouveau contenu dans cette version Nintendo Switch, qui propose uniquement ce qu’on trouvait déjà dans les versions PS4, Xbox One et PC : un mode de jeu principal qui vous propose de sauver vos collègues nettoyeurs « Splashers » disséminés dans les niveaux. Il y en a 6 par tableau, formant le mot « SPLASH » plus un dernier pour le point d’exclamation. Pour l’obtenir, même principe que dans un Rayman Adventures/Legend, il faudra récolter 700 gouttes de peinture qui seront comptabilisés à la fin de chaque niveau (quand je vous disais dans l’intro qu’on reconnait l’influence de Rayman). De temps en temps, vous verrez une sorte de trou noir au milieu d’un niveau. En sautant dedans, vous serez téléporté dans une salle proposant un petit défi à remplir pour libérer un splasher prisonnier. Certains mettront votre talent à l’épreuve en nécessitant des sauts et acrobaties un peu plus compliqués que dans le reste du jeu, les autres seront des sortes de puzzles où vous devrez utiliser intelligemment vos différents pouvoirs. Ce premier mode qui est le principal, ressemble à un collect-a-thon traditionnel. Vient ensuite le mode suivant qui ne sera pas forcément du goût de tous les joueurs : le Speedrun ! (course chronométrée sur l’intégralité du jeu)
Au programme, trois variantes de speedruns : l’égoïste où vous devrez juste boucler le jeu le plus vite possible, le standard où vous devrez tout de même sauver quelques splashers pour débloquer tous les niveaux et enfin le « attrapez-les tous » où vous devrez délivrer l’ensemble des techniciens de surface. Pas de multijoueurs à proprement parler, mais un leaderboard (classement) permettant de savoir exactement où vous vous situez pour chaque mode de jeu. On sent que cet aspect a été très bien travaillé, avec évidemment l’affichage du chronomètre, mais également des temps de passage à chaque checkpoint (indiquant la perte ou le gain de temps par rapport à votre meilleure prestation). Vous pourrez également jouer chaque niveau en mode contre-la-montre pour battre les temps pré-enregistrés et obtenir des médailles. À cela s’ajoutent quelques défis et challenges qui sont là pour vous entraîner ou perfectionner certaines mécaniques de jeu (mais ce n’est clairement pas une valeur ajoutée conséquente). On pourra aussi regretter des combats de Boss moins intéressants que le challenge des niveaux eux-mêmes, ainsi que le nombre assez réduit de niveaux (même si certains niveaux cachés peuvent être débloqués en fin de partie). C’est vraiment pour ce genre de titre qu’on aimerait voir arriver un DLC additionnel.
NOTE : 8/10 TRÈS BON
Points positifs :
– Level design super inventif
– Direction artistique pensée pour la lisibilité
– Maniabilité parfaite
– Courbe de progression-difficulté bien dosée
– Gros challenge sur la fin
– Musique dynamique
– Développé pour et avec les speed-runners
Points négatifs :
– Petites saccades ponctuelles sur Switch
– Le manque de contenu additionnel
– Le tarif rapport à ce manque de contenu
– Les combats de Boss moins fun que les niveaux eux-mêmes
La Splash Team peut être fière d’elle ! Splasher est une vraie réussite et met le studio sur la carte des talents français à suivre dans les années à venir, de la même manière que Super Meat Boy avait mis le projecteur sur la Team Meat (d’ailleurs, le nom du studio ne serait-il pas inspiré ?). On prend vraiment plaisir à maitriser les différents niveaux et les obstacles qui se présentent à nous. Le titre parvient à atteindre certains moments de grâce, quant à force de répétition vous parvenez à faire le run parfait avec tous les mouvements qui s’enchainent de manière fluide. C’est tellement grisant ! Le tout accompagné de cette bande son électro très agréable, qui mettra des points d’exclamations audio et fera monter la pression en fonction de la difficulté (car oui la musique est dynamique). Le jeu vise le groupe démographique des speed-runners, mais ne craignez rien, le mode de jeu principal permet à des joueurs de tous niveaux de s’essayer voir de finir le jeu. C’est même une excellente mise en jambes pour ceux qui souhaiteraient découvrir cette discipline assez méconnue du grand public.
On pourra cependant regretter sur cette version Switch en particulier : l‘absence de mode multi-joueur local, l’utilisation des contrôleurs spécifiques à la console qui ne sont pas exploités et le manque de contenu additionnel si on compare aux autres versions déjà disponibles. À 15€ (tarif normal, et en promo les premiers jours de sa sortie à 13€) on aurait pu s’attendre à un petit bonus de 5-10 niveaux créés spécialement pour l’occasion. Mais rien n’est impossible, les développeurs parlent déjà de déployer un patch avec pas mal d’améliorations et de correctifs. Dans cette lancée, il est tout à fait possible qu’on entende parler du titre début 2018 avec justement un DLC ! On terminera en précisant qu’on a rencontré quelques rares saccades sur cette version Nintendo Switch (qui pourtant est très fluide sur la durée, avec un 60fps constant) et que d’autres confrères ont aussi relevés. Cela devrait être corrigé avec le patch à venir.
Dans tous les cas, on conseille ce jeu qui se prête à merveille au côté hybride de la console : picorer quelques niveaux au cas par cas en mode nomade (comme un Rayman sur smartphone) ou se lancer dans un speedrun haletant de 2 heures en mode docké !
Nous avons aussi réalisé un Renegades Live sur le titre (en docké) :
– VOD du Live Facebook (720p30) : https://goo.gl/zL65sZ
– VOD du Live Twitch (1080p60) : https://goo.gl/AG7WsH