La Critique : Gear.Club Unlimited
Nintendo Switch – Éditeur: Microïds – Développeur: Eden Games – Genre: Course Automobile Arcade – Sortie : 01/12/17 – 1 à 4 joueurs – Prix : 44,99€ – PEGI 3
Gear.club Unlimited c’est le retour sur le devant de la scène du studio français Eden Games, connu pour un autre jeu de course automobile à la même particule : Test Drive Unlimited. On peut aussi citer le mémorable V-Rally dans le C.V prestigieux des lyonnais. Le studio a beau exister depuis 1997 (à cette époque appelé Eden Studio et sous l’égide d’Infogrames, renommé en 2003 Eden Games) et n’avoir pas bougé de la belle ville de Lyon, on avait plus entendu parler d’eux sur nos consoles de salon depuis un petit bout de temps. La raison ? Ils étaient en train de conquérir un autre marché parallèle du jeu vidéo : les jeux mobiles / smartphones. D’ailleurs, autant le préciser immédiatement en introduction, cette version Unlimited sur Switch (publiée par Microids), est une adaptation avouée de leur Gear.Club mobile, conçu en tant que Free2Play (avec tous les codes implicites, ses avantages et ses inconvénients) mais vendu cette fois sur la console de Nintendo à un tarif proche des « triple A ». C’est avec ce background en tête que j’ai lancé pour la première fois le jeu. Alors, douche froide du freemium payant ou premier jeu de course automobile réaliste de la Nintendo Switch ? Réponse ci-dessous.
Tout d’abord, il faut préciser que ma première session de jeu s’est déroulée sur la version portable du titre pendant deux heures de jeu. J’ai continué le lendemain avec la version dockée sur le stream qui est visible en bas de page, puis j’ai terminé le jeu toujours en docké, pendant la semaine, à travers des sessions ne dépassant jamais les 2 heures. On remarque rapidement que le jeu est pensé pour être consommé sur des courtes sessions régulières (on peut même se limiter à une course ou un championnat par jour, le temps d’un trajet quotidien dans les transports en commun, par exemple). On reconnait immédiatement l’ADN « jeu mobile » du titre. Mais cela convient parfaitement au coté hybride de la console, c’est donc plutôt un argument positif dans ce cas.
Voyons plutôt si le reste du titre propose le contenu et la finition qu’on retrouve sur ces productions gratuites mobiles. Déjà, précisons que le titre Gear.Club mobile est plutôt réputé. On croise beaucoup d’avis positifs sur les pages des différents stores. Le titre n’est pas non plus tombé dans le piège des licences annualisées conçues en boucle, débouchant sur des Asphalte 8 chez l’éditeur Gameloft par exemple. chaque année, le même jeu, simplement ajusté avec les nouveautés du moment. Au niveau du contenu on se retrouve avec 400 tracés différents (oui 400, vous avez bien lu). Mais attention il y a un piège. Tous ne sont pas égaux, et les premiers sont d’une simplicité déconcertante : vous les finirez en moins de 30 secondes pour certains. Heureusement cela s’améliore au fur et à mesure de la campagne. Pour ce qui est des véhicules c’est 35 voitures uniques de toutes gammes qui sont disponibles, de la berline allemande en passant par la super-car US ou la rally-car norvégienne. Vous aurez même le choix entre différentes versions chez les concessionnaires avec des finish uniques. Bien entendu, il faudra sortir quelques dollars en plus pour ces modèles. Pour terminer sur les chiffres, on profite de 4 environnements différents (villes, désert, montagne enneigée et côte de mer) et de tout un tas de modifications (esthétiques et touchant les performances) pour vos véhicules.
Le jeu propose sur sa page d’accueil 2 modes de jeu : La carrière solo (qui englobe le multijoueur asynchrone) et le mode multijoueur local. Ce dernier permet d’affronter jusqu’à 4 amis en simultané sur le même écran. Oui là aussi vous avez bien lu. Un 4-way Split-screen sur une Switch. Bon, ne vous attendez pas à une excellente lisibilité ou un rendu à vous décoller la rétine, mais c’est tout à fait fonctionnel et les performances sont même au rendez-vous avec 30FPS bloqué ! Un sacré argument mine de rien ce mode quand on commence à parler tarif. Car je n’ai pas encore abordé cet élément, mais le jeu est tarifé sur l’e-shop Nintendo à 44,99€ ce qui est proche d’un tarif triple A. Chacun sera juge de ce qu’il attend pour cette somme dans un jeu vidéo de course automobile. Mais une chose est sûre, il faut proposer plus que dans un free2play.
On va donc s’intéresser à la carrière solo qui est le gros morceau du titre d’Eden Games, l’endroit ou j’ai passé le plus clair de mon temps pour ce test. Une fois sélectionné son premier véhicule offert parmi trois choix, le jeu nous lance directement dans une première course avec les assistances à la conduite par défaut. Ces aides sont excessives et on vous encourage soit à les désactiver, soit les réduire au minimum. Quoi qu’il arrive le gameplay restera arcade, ne vous attendez pas à un Asseto Corsa ou un Project Cars, on est même loin d’un Forza ou d’un Gran Turismo. Impossible de faire des dégâts à nos bijoux sur quatre roues et les bords de route vous feront ralentir de quelques kilomètres par heure. Le feeling de conduite rappelle les premiers Need For Speed ou justement Test Drive Unlimited. Pour ma part j’ai désactivé toutes les assistances et simplement laissé les vitesses automatiques.
Il faut préciser une chose très importante au sujet de la Switch : les joy-cons ne possèdent pas de gâchettes analogiques. De ce fait, impossible de jauger l’accélération ou le freinage. C’est « tout ou rien » en somme. Mais là encore, le studio a fait du très bon travaille pour rendre tout ça jouable et fonctionnel. Une fois cette première course gagnée, le jeu vous présente sa carte du monde, assez énorme, mais qui masque sa progression linéaire sous un « brouillard de guerre ». J’écris linéaire, mais de temps en temps vous aurez tout à fait la possibilité de choisir un championnat plutôt qu’un autre, ou d’aller tâter du mode Rally ou multijoueur, voir de « grinder » des courses déjà faites pour faire de l’argent. Dans tous les cas, la progression passe par différents compteurs : votre niveau qui augmente avec l’XP et le nombre d’étoiles que vous avez récolté (sachant qu’il y en a trois par course selon votre classement). Si vous terminez premier vous empochez les trois d’un coup. Enfin, on est aussi aiguillé dans la progression en fonction du rang de véhicule (représenté par une lettre et un chiffre, plus ça augmente plus la gamme est chère mais aussi puissante). Chaque championnat vous imposera un type de véhicule, à vous d’emmagasiner suffisamment d’argent pour les acheter, puis pour les gonfler dans votre garage. Le titre a gardé les Challenges et Succès de la version smartphone faisant tomber de l’argent à intervalle régulier au fur et à mesure de l’accomplissement de certains objectifs.
Justement, parlons-en de ce garage ! C’est votre QG principal, le centre des opérations pour le mode carrière. C’est là que vous allez jouer le « Sims mécano » en installant différents modules pour équiper vos bolides, les peindre, les alléger, les customiser, les booster… Mieux, le jeu pousse le vice de la personnalisation jusqu’en proposant des objets décoratifs comme des distributeurs de café, des sièges, des écrans LCD… La liste est longue. Au bout d’un moment, vous pourrez même acheter des présentoirs rotatifs artistiques pour montrer vos plus beaux engins, ou changer totalement la déco en passant d’un garage à un loft d’architecte… On avait jamais vu ça ailleurs. Totalement gadget, mais tellement fun ! Le soucis du détail à son paroxysme. Il en va de même pour les possibilités de customisation visuelle avec des kits de carrosserie nombreux et détaillés. Ça rappelle d’autres jeux de course arcade : Need for Speed Underground 1 et 2. Toute la progression du garage est échelonnée via des niveaux pour chaque module qui vous obligeront à débourser des dollars mais surtout à avoir un niveau minimum en tant que pilote.
Pour le reste des fonctionnalités, c’est un pot-pourri parfois indigeste de tout ce qui se fait chez la concurrence. Ça passe entre autre par le mode « Rewind / Rembobinage » des Forza Motorsport, par les concessionnaires classés par marques et qu’on peut visiter d’un Gran Turismo, la possibilité de regarder la modélisation des véhicules sous tous les angles en ouvrant les portières, le capot, en zoomant, copié du mode ForzaVista… vous voyez où je veux en venir. Mais en même temps, on ne va pas leur reprocher d’avoir pioché de bonnes idées. Il y a d’autres parties du titre qui sont moins bien fignolés. On pourra citer les « replays » de course inexistants, les différentes options de caméra (limitées à deux ! À l’arrière ou bien vue « par-chocs »…). Les développeurs ont promis une troisième vue dans un patch début 2018. Le titre a aussi crashé plusieurs fois en « freezant » sur une course ou pendant un chargement et le mixage audio bug parfois avec des sons qui restent même après les courses. Là aussi les développeurs sont sur le coup.
Bien entendu, ce qui compte le plus dans un jeu de bagnole, ce sont les sensations manette en main (à défaut de volant). Pour ce qui est de ce Gear.Club Unlimited, elles sont très Arcade tout en gardant un certain réalisme nécessaire vu les nombreuses marques prestigieuses qui ont signées. Contrairement à un Burnout aucune marque n’a été inventée. Les développeurs ont donc fait comme pour un Need for Speed en tentant de caricaturer le comportement de chaque véhicule. Pour se faire ils ont volontairement exagéré le caractère des bolides. Si une voiture est connue pour chasser, elle va énormément chasser. Si une autre est connue pour son accélération incroyable mais sa maniabilité réduite, ces deux comportements seront davantage mis en valeur. On a donc droit à tout un panel de conduites différentes. Le jeu en profite aussi pour proposer des courses de Rally, rappelant cette fois la conduite d’un V-Rally (aussi d’Eden Games). Vous avez la possibilité d’équiper n’importe quelle voiture pour ces courses sur graviers et terrains accidentés sans aucune limitation. On revient très vite sur les différentes assistances à la conduite ainsi que la difficulté des adversaire IA (qui sont au maximum 7 par course), qui permettent de fignoler le gameplay pour convenir au cas par cas pour chaque joueur. Au final, ce n’est clairement pas une simulation, mais bel et bien le premier jeu de course réaliste thématiquement parlant, arcade de par son gameplay, sur Nintendo Switch !
Là ou se pose le vrai problème c’est sur la variété et l’intérêt des tracés. À ce niveau on voit les limites techniques de la Switch, c’est une certitude, mais le studio n’a fait aucun effort pour atteindre au moins le niveau de la concurrence (même si c’est dans des genres futuristes). Sans en rajouter, certains parcours rappellent des jeux de course de l’ère PS2, qui ont au minimum 15 ans. Donc effectivement la Switch manque de puissance, mais elle fait tourner Mario Kart ou Riptide GP à 60 fps. là on se retrouve avec un titre digne d’un jeu PS2 visuellement et en plus avec un framerate bloqué à 30fps. Heureusement vers la fin de la campagne les tracés s’allongent et proposent parfois des virages bien vicieux… mais dans l’ensemble c’est vraiment désolant. Les textures de la route sont fines à l’arrêt mais affichent un motif qui se répète dés qu’on accélère, on avait pas vu ça depuis des années… Vraiment dommage et le plus gros défaut de ce titre.
On terminera ce chapitre avec les sonorités des moteurs qui sont vraiment réalistes et agréables à l’oreille, prouvant qu’Eden Games et ses fondateurs ont toujours leurs entrés chez les constructeurs automobiles de renom, leur nom permettant des sessions d’enregistrements audio sur les vrais engins !
Enfin, on passera rapidement sur le multijoueur asynchrone qui était un peu une déception doublée d’incompréhension. Je n’avais pas l’info au moment de cette première partie. Imaginez ma surprise quand après avoir cliqué sur l’énorme panneau MULTIJOUEUR EN LIGNE de la carte, qu’on débloque après le niveau 5, je me suis rendu compte qu’il n’y avait finalement qu’un mode « Time Trial » ou chaque joueur doit tenter de faire le meilleur temps sur un tracé donné. Il est entouré de fantômes « drivatars » d’autres joueurs (encore un empreint à Forza). Chaque semaine les meilleurs joueurs sont en haut du classement publique et on recommence la semaine suivante. Rien de bien fameux à ce niveau. Heureusement que le multijoueur à 4 en local vient rattraper tout ça.
Note : 6/10 PEUT MIEUX FAIRE
Pour conclure, ce Gear.Club Unlimited m’a fait le double effet Kiss-cool : tout d’abord une excellente surprise de ne pas avoir droit à un jeu à la finition « mobile » (et tout ce que cela comporte de péjoratif) en allant de découvertes en bonnes impressions. Le garage avec toutes ses possibilités m’a vraiment étonné. La modélisation des véhicules et le rendu des carrosseries est vraiment respectable pour la petite hybride de Nintendo. L’habillage général est très réussi, avec une interface lisible et très facilement navigable, une carte « Open World » qui vous met immédiatement les prochains objectifs en avant ou encore son contenu énorme de prime abord. Puis à la longue, à force de championnats et de sessions de jeu, il faut se rendre à l’évidence : le jeu est resté bloqué sur certains points de plusieurs générations en arrière. Le plus flagrant étant les environnements et le level-design des courses. On aurait largement préféré 100 tracés, mais que chacun soit quatre fois plus long, détaillé et varié ! Avec plus de dénivelés ou à défaut avec des modes de jeu inventifs et originaux. Simplement des défis en course à la manière d’un The Crew ou d’un Need For Speed aurait ajouté un peu de piment. On imagine que les français vont continuer à faire vivre la version mobile et qui sait en 2018 on aura peut être droit à une version « Unlimited 2 » qui sublimera l’expérience de cette année. Même un simple DLC accompagné d’une mise à jour du moteur graphique (enfin du rendu des pistes) pourrait corriger le tir. Quoi qu’il en soit, tout le reste est à conserver.
Points positifs :
– Impression de vitesse
– Rendu et modélisation des véhicules
– Habillage général du titre
– Bande son
– Sons moteurs
– Maniabilité malgré l’absence de gâchettes analogiques
– Nombre de tracés
– Progression et à côtés
– Options d’assistances à la conduite
Points négatifs :
– Variété des environnements
– Nombre de tracés (trop c’est trop. au détriment de la qualité)
– Absence de dégâts
– Absence de Nitro (si on fait de l’arcade, faisons le à fond)
– Rendu des circuits d’il y a 15 ans
– Nombre de véhicule assez réduit
– Performances (30 fps, stable en docké pas forcément en mode portable)
– Absence de Replays
– Seulement 2 caméras
– Les crashs et la stabilité
- Site web d’Eden Games : http://www.edengames.com/
- Page Nintendo du jeu : https://goo.gl/m1LqGr
- Notre LiveStream « découverte » en vidéo : https://goo.gl/pYTZaR