L’ambitieux projet de Robert Rodriguez, écrit et produit par James Cameron est arrivé à maturité, l’adaptation du manga Gunnm au grand écran. Un vaste chantier lancé en 2003 qui aura pris son temps pour proposer l’œuvre que nous pouvons découvrir ce jour. De grandes idées, naissent de grands projets, mais qu’en est il du résultat ?
Né de l’imagination de Yukito Kishiro, Gunnm est un manga qui se fit découvrir dans les pages du magazine japonais, Business Jump. En France c’est l’éditeur Glénat qui, entre 1995 et 1998, nous fera découvrir la série. Ce manga est la première création de l’auteur et celle qui va le mettre sur le devant de la scène japonaise.
Le background original de Gunnm nous parle d’un monde divisé suite à la collision avec une météorite. Il y a la ville suspendue de Zalem qui est occupée par l’élite et la terre, nommée Kuzutetsu, qui lui sert de décharge et où l’humanité doit survivre dans la violence. Nous allons suivre les aventures de Gally, une cyborg devenue amnésique et qui va essayer de retrouver la mémoire pour donner un sens à sa vie. Gunnm va aborder les thématiques de la cybernétique et du transhumanisme qui se cherche une identité au centre d’un environnement social qui se questionne sur ces dérives technologiques.
Le film s’inspire du même univers, mais l’adapte à la vision de James Cameron. Nous sommes maintenant en 2563, soit près de 300 ans après l’effondrement. Zalem est toujours une énorme ville planant au dessus de la terre, rattachée à cette dernière par d’immenses câbles. Au milieu d’un monde post apocalyptique, le Dr Dyson tente de redonner une nouvelle vie aux cyborgs délaissés par les humains. C’est lors d’une de ses expéditions dans une décharge à ciel ouvert, qu’il va trouver une cyborg pour laquelle il va se prendre d’affection, qu’il nommera Alita. Tout comme Gunnm, Alita est amnésique et va partir en quête identitaire.
Il est intéressant de noter l’inspiration du manga original dans l’univers, le background et le personnage principal, mais nous sentons très rapidement que Robert Rodriguez et James Cameron ne souhaitent pas être trop liés à la série de Yukito Kishiro. Il veut s’approprier un monde qui lui plaît, mais tout en ayant sa propre liberté d’action. Cela va très vite s’en ressentir et à la différence du film Ghost in the Shell de Rupert Sanders, beaucoup de codes sont remplacés par de nouveaux, tirant plus vers le blockbuster américain.
L’écriture propose une narration crescendo, l’univers est posé, Alita rencontre tour à tour les protagonistes qui vont composer sa nouvelle vie et va découvrir petit à petit ses ennemis. Il y a tout une phase de mise en place un peu lente sur le premier tiers du film. Puis ensuite cela s’accélère avec quelques scènes d’actions spectaculaires pour reprendre un rythme plus équilibré dans la dernière partie de l’œuvre. Il manque une énergie à la narration dès le début du film. Le souffle s’infuse lentement et démarre après quelques explications un peu expéditives. Il faut faire comprendre au spectateur que c’est inspiré de Gunnm, mais aussi que ça s’en détache. Nous étions quelques peu perdus sur le chemin où James Cameron voulait nous amener, et l’itinéraire conseillé par Robert Rodriguez. Dans l’ensemble l’histoire tient la route et les quelques rebondissements sont cohérents, pour nous garder en haleine jusqu’au dénouement finale.
Visuellement le film est superbe et garde l’inspiration forte de l’œuvre dont il est tiré. La cité de Zalem, surplombant la ville des humains, est aussi splendide que mystérieuse. La cité d’en dessous fourmille de détails. Il y a un énorme travail environnemental qui a été fourni et cela explique ainsi, le départ un peu lent du film, qui permet de présenter l’univers qui entour Alita. Cependant, le tout manque de tonus dans la réalisation et les plans spectaculaires des scènes d’action se cognent aux longues scènes de discussions. Cela manque de rythme, comme Robert Rodriguez nous l’a pourtant montré avec Sin City.
Bien que nombreux ont pu critiquer la modélisation d’Alita, qui est entièrement animée en images de synthèses, nous avons beaucoup apprécié le rendu. Nous pouvons distinguer la différence de textures entre Alita et les acteurs, mais les expressions et l’animation sont saisissantes de réalisme. Nous sommes touchés par ses expressions qui ne manquent pas de caractère. De plus, le personnage est fidèle à la représentation de Gally l’héroïne du manga Gunnm.
CONCLUSION : 7/10 BON
Alita Battle Angel est une adaptation réussie du manga Gunnm, elle y puise un univers et quelques références, puis s’en émancipe pour écrire sa propre histoire. La réalisation et l’écriture n’arrivent pas toujours à bien suivre cette transformation. Le film est grandiose, avec de superbes plans, un très beau travail de la photographie et des effets toujours plus impressionnants. La dynamique quant à elle n’est pas toujours au rendez vous, et certains passages sont plus lents, avec des dialogues inutiles. Il arrive parfois de décrocher quelques instants ne sachant pas trop où le réalisateur veut nous emmener.